Une activité professionnelle permet non seulement d’acquérir une autonomie financière mais elle est également un élément clé de l’intégration sociale, linguistique, résidentielle et culturelle des immigrés. Ainsi, plus un immigré accède rapidement au marché du travail, plus il augmente sa capacité à s’intégrer dans la société d’accueil.
Cette question de l’accès au marché du travail se pose également pour les demandeurs d’asile car, en principe, il est très restreint pendant la période d’instruction de leur demande d’asile.
En France, par exemple, un demandeur d’asile ne peut pas obtenir un permis de travail les six premiers mois qui suivent l’enregistrement de sa demande d’asile. Ensuite, il peut exceptionnellement être autorisé à travailler, mais pour une durée qui ne peut pas dépasser la durée de son autorisation de séjour de 6 mois. De ce fait, très peu de demandeurs d’asile accèdent au marché du travail avant la reconnaissance officielle de leur statut de réfugié, et ceux qui y parviennent, accèdent principalement à des emplois très précaires et de courte durée.
La période d’instruction de la demande d’asile, et donc, en pratique, la période sans emploi, peut-être plus ou moins longue. En France, les données de la dernière enquête ELIPA, initiée par le ministère de l’Intérieur, indiquent que la période d’attente entre l’introduction de la demande d’asile et l’obtention du statut de réfugié s’étale, en moyenne, sur 2 ans et 9 mois. Des variations importantes selon les origines des demandeurs d’asile ont aussi été constatées avec des durées dépassant 5 ans pour certains, comme par exemple, pour les originaires du Mali.
Le problème est qu’une longue période d’attente sans accès au marché du travail est synonyme d’une dégradation du capital humain du demandeur d’asile. Autrement dit, si le demandeur d’asile ne travaille pas, il perd des compétences professionnelles acquises dans son pays d’origine et il n’en acquiert pas de nouvelles. En outre, il se démotive et perd de la confiance. Or, tous ces éléments sont indispensables pour une intégration réussie.
Les études montrent que plus la période d’attente et donc celle sans activité professionnelle est longue, plus les impacts négatifs sur l’intégration future sont importants. Par exemple, les taux de chômage et de déclassement professionnel sont plus importants chez les réfugiés qui ont expérimenté de longues périodes d’attente. Les trajectoires professionnelles qu’ils empruntent après l’obtention de leur statut de réfugié sont plus précaires, offrent moins de possibilités pour une ascension socioprofessionnelle et de ce fait, ralentissent les autres dimensions de l’intégration : sociale, culturelle, linguistique et résidentielle.
Ce type de trajectoires peut aussi les enfermer de façon permanente dans la précarité avec l’apparition même d’une sorte de « trappe de non-intégration ».Par conséquent, le rôle de la société d’accueil est important. Si les autorités peuvent agir sur la durée de l’instruction des demandes d’asile, elles peuvent aussi faciliter l’accès au marché du travail des demandeurs d’asile. Il faut savoir que la France, aujourd’hui, fait partie des pays européens aux réglementations les plus restrictives quant à l’accès au marché du travail des demandeurs d’asile.