L’existence d’un lien entre les passeurs et les navires des ONG a été portée dans le débat public et a créé une ambiguïté sur le rôle des navires humanitaires en Méditerranée. Patrick Chaumette, Professeur de droit à l’Université de Nantes, démontre que ces liens n’existent pas. Il explique que si les navires humanitaires ont bien participé au sauvetage de personnes en Méditerranée, comme bien d’autres navires d’ailleurs, c’est dans le cadre du droit de la mer et en coordination avec les autorités nationales italiennes et maltaises. Il ajoute que les passages se sont désormais déplacés vers le détroit de Gibraltar et qu’ils sont de plus en plus dangereux.
Quels sont les liens entre les passeurs et les navires des organisations humanitaires ?
Des liens, il n’y en a pas.
D’une part, il y a des passeurs qui organisent, autrefois à partir de la Turquie ou de la Syrie, maintenant à partir de la Libye, le trafic d’êtres humains en mer en ayant recours d’ailleurs à des navires dont ils savent qu’ils sont incapables de traverser la Méditerranée.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a identifié, sur enquête des Etats, et sanctionné six passeurs liés à ces trafics d’êtres humains en Méditerranée, des Érythréens notamment et étrangement deux Libyens qui sont des responsables du service de garde-côtes Libyens, qui assurent la surveillance des espaces marins peut être le jour et qui organisent les trafics d’êtres humains le reste du temps probablement.
Les navires des organisations humanitaires, des ONG, sont intervenus au-delà des eaux territoriales Libyennes qui prolongent le territoire terrestre de l’Etat Libyen et qui relève de la zone de souveraineté dont la sécurité est assurée par ses garde-côtes.
Dans la Haute mer où il y a une liberté de navigation les cargos, les porte-conteneurs de la compagnie danoise Maersk, les navires de pêche, des navires câbliers, des navires militaires sont intervenus comme les navires affrétés par les ONG pour se dérouter, à la demande des centres de coordination de Malte ou de Rome, et pour faire face à la détresse des personnes naufragées qui de toute façon risquaient la noyade. Ensuite, c’est la coordination entre ces navires et les centres de coordination qui intervient.
Considérer qu’il y a une responsabilité objective des ONG c’est un procès purement polémique sans aucun fondement.
Ce que l’on constate aujourd’hui c’est que le nombre de passages en Méditerranée diminue parce qu’il se déplace vers le détroit de Gibraltar et l’Espagne et que proportionnellement le nombre de personnes noyées continue à augmenter. Les passages continuent mais ils sont de plus en plus dangereux.