Le migrant économique est souvent représenté comme une personne qui est entrée de manière irrégulière dans un pays en vue d’y travailler sans être autorisé. Cette représentation est trompeuse car la réalité est plus complexe. Explications et état des lieux avec Yves Pascouau, chercheur et directeur de www.europeanmigrationlaw.eu
Aujourd’hui, le débat public établit une distinction entre deux catégories de migrants. Les réfugiés, d’un côté, qui peuvent demander l’asile car ils fuient des conflits ou des persécutions. Et les migrants économiques, de l’autre, qui ne peuvent pas recevoir l’asile car ils migrent pour des raisons économiques et non pas humanitaire.
Le migrant économique est souvent représenté comme une personne qui est entrée de manière irrégulière dans un pays en vue d’y travailler sans y être autorisé. Cependant, cette représentation est trompeuse car la réalité est plus complexe.
Le migrant économique c’est aussi celui qui a été admis de manière légale dans un pays – c’est-à-dire avec un titre de séjour – en vue d’y exercer une activité professionnelle.
C’est par exemple le travailleur saisonnier nord-africain ou d’Europe de l’Est qui vient travailler dans l’agriculture ou le tourisme avant de rentrer dans son pays d’origine. C’est l’ingénieur informatique indien employé par une start-up. C’est le chercheur canadien embauché par l’Université. C’est le médecin algérien ou burundais recruté par l’hôpital. Et, c’est enfin l’investisseur ou l’entrepreneur chinois.
On le voit bien, le migrant économique n’est pas uniquement cette personne entrée irrégulièrement dans un pays pour y travailler sans titre. C’est aussi, et surtout, une personne qui dispose d’un titre de séjour qui lui a été délivré par un Etat en vue d’y exercer de manière légale une activité.
Le raccourci utilisé dans le débat public entre réfugié et migrant économique irrégulier fausse le débat. Les migrants économiques sont bien plus souvent des travailleurs “légaux”.